Hélène Zimmer

Naturaliste et décapante, la plume d’Hélène Zimmer tranche une nouvelle fois dans le vif de la rentrée littéraire. Avec Les Dernières Ecritures (P.O.L), l’écrivaine féministe confronte cette fois le mythe de « la littérature salvatrice » à la « finitude » d’un monde exposé au chaos climatique.

interview Lou Syrah
photos Marlène Delcambre
stylisme Audrey Jehanno
coiffure Alexis Mercier
maquillage Mélanie Vergnol

lieux Hôtel Le Ballu
coordination Louisiane Dor

Avec  Fairy Tale, votre premier livre, vous disiez que votre écriture avait été commandée par « une rage de dire ». Quelle autre urgence a motivé Les Dernières Écritures  ?

— L’urgence climatique. J’avais envie d’explorer son impact sur nos vies personnelles et nos psychés. À travers les personnages du livre, j’ai voulu voir comment la crise écologique pouvait orienter, consciemment ou non, nos choix personnels. Tous les personnages sont confrontés au sentiment d’inéluctable, mais je n’ai pas souhaité écrire un livre écrasant. Il y a une question très belle qu’on est amené à se poser avec le réchauffement, c’est celle de notre devoir de protection envers l’humanité. Chacun se positionne à sa manière dans le livre, à partir de ses croyances et ses attentes.

Ce qui foudroie une nouvelle fois sous votre plume, c’est une forme de naturalisme social. Vos personnages ne sont pas « bons au bonheur ». De manière générale, vous orchestrez l’autodestruction collective de vos personnages, ou, à minima, de leurs dernières illusions. Qu’est-ce qui vous attache aussi ardemment à ce réalisme noir dans votre geste d’écrire ?

— J’aime partir de la marge qui existe entre nos rêves de liberté et la réalité. C’est là que je puise matière à écrire, dans cet espace qui fait apparaître nos limites face au monde et aussi notre ténacité, nos efforts de transcendance. Le quotidien est l’incarnation parfaite de cette marge, où les rêves se font écraser par les obligations. Les personnages de mes livres se faufilent dans les interstices pour retrouver l’élan vital qui leur permet d’avancer. Les femmes se trouvent en première ligne de cette grande désillusion mais elles s’en sortent mieux que les hommes, peut-être parce que leurs rêves de départ sont moins fous ou qu’elles sont plus endurantes. 

Vous pensez que la fiction n’a pas fait amende honorable, même après #metoo, et qu’il faudrait encore déboulonner les mythes dont on a abreuvé les femmes en littérature ? 

— Beaucoup de livres portent aujourd’hui la trace, plus ou moins directe, de ce bouleversement. Certains récits se construisent pour attester de quelque chose, revisitant la forme du témoignage. D’autres textes émergent des creux de l’histoire pour raconter ce qui, jusqu’ici, a été passé sous silence. Une nouvelle mythologie est en train de se créer. Je crois que ce nouvel imaginaire féministe se développe moins contre les textes anciens que pour le public d’aujourd’hui. Quand j’écris, je m’inspire de ce que je connais. Je ne cherche pas à déconstruire les archétypes mais à raconter des vies qui sonnent juste.

photo : Marlène Delcambre
photo : Marlène Delcambre

LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE EST À DÉCOUVRIR DANS LA REVUE PRINT, EN KIOSQUES LE 10 SEPTEMBRE.

photos : Marlène Delcambre

Louisiane Dor
Author: Louisiane Dor

Directrice de la publication. Romancière — " Les méduses ont-elles sommeil ? " (Gallimard) " Ceci est mon cœur " (Robert Laffont) " La confusion " (Le Cherche Midi)

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