Justine Lévy écrit sur l’amour cabossé, celui qu’on rencontre dans la vraie vie, l’imparfait, le pas glorieux, celui qui pardonne. Elle fouille, elle enquête, elle interroge. Avec son nouveau roman, Une drôle de peine, elle revient sur la mort de sa mère, encore, pour enfin comprendre ce qui lui manque tant depuis 20 ans. Car dans une relation mère-fille, il y a bien plus de choses qui se jouent qu’un simple Maman. Elle nous raconte sa vie de petite fille aux côtés d’une mère défaillante, des verres de trop, la fête à la maison quand il y a école le lendemain, les inconnus qui traînent encore dans le lit de maman quand elle rentre à 16h30, les traînées de poudre sur la table du salon, les larmes sur les joues de sa mère, les yeux dans le vague, sa colère contre tout. Comment peut-on se construire une vie équilibrée, si l’équilibre d’une vie d’adulte existe vraiment, quand on a eu pour modèle une mère chancelante ? Et puis le cancer, et la perte. Au début du roman on pense que c’était hier, et puis non, le cœur est en miette depuis 20 ans. Alors la narratrice part sur les traces de sa mère. Elle interroge, elle enquête, elle fouille le passé et la mémoire des gens qui l’ont connue, avec toujours ce sentiment de marcher sur un fil, est-ce pour se reconstruire ou cette quête va l’amener un peu plus vers la douleur ? « Mes amis croient que je suis normale. Vie jolie, enfants adorables, amoureuse depuis vingt ans, vacances au soleil, chats instagrammables, copains fabuleux.
Personne ne sait que je me cogne partout et tout le temps au manque de maman, à la peur de lui être infidèle ou, au contraire, de lui ressembler. »
L’écriture de Justine Lévy est incisive, instinctive, un crayon qui court sur les pages sans pouvoir reprendre haleine, il y a urgence à écrire l’amour et la douleur. Perdre sa mère, c’est dire définitivement au revoir à son enfance, à l’espoir que l’on avait de réinventer l’amour qui nous liait, imparfait, malhabile, silencieux, mais tangible.
Une drôle de peine est un roman magnifique sur l’amour maternelle, qui écrit avec justesse et sincérité les failles qui laissent passer la lumière. Loraine Bazalgette
JUSTINE LÉVY
UNE DRÔLE DE PEINE
20 AOÛT 2025, ÉDITIONS STOCK