Maria Pourchet revient en majesté en cette rentrée, avec un roman vibrant et très réussi.
L’autrice de Feu dresse un nouveau portrait de femme forte mais brisée, en quête de liberté, en quête de soi.
Tressaillir commence par une fin. Michelle, autrice, mère, femme, met fin au cumul des mandats et quitte le domicile conjugal. Mais que se joue-t-il quand l’on se retrouve seule passé quarante ans ? Ce qui devait être une séparation s’avère être un arrachement, une fois confrontée à sa solitude et à ses peurs, dans une chambre d’hôtel sordide.
Soutenue par un psychothérapeute aussi tâtonnant qu’attachant (et quelques pilules), elle affronte ce grand retour à elle-même, à son instinct de survie.
C’est alors que le hasard du calendrier ou la force de la vie l’amène à retourner sur ses terres natales, dans les forêts vosgiennes, où elle se confrontera à l’origine de ses tourments.
Quelles images a-t-elle fuies ? De quoi se préserve celle qui a le langage pour force et les mots pour refuge ?
Outre le rythme et la puissance de sa langue, Maria Pourchet a fait surgir en moi cette mélodie bien connue « la danse, la forêt et la solitude » (Peyruis et Josiane Pichet).
Elle nous entraine sur les pentes de cette histoire (sous certains aspects autobiographiques), avec des mots acides, justes et poignants. Sa langue est à vif pour mieux embrasser la fébrilité et l’animalité qui sommeillent en ces femmes meurtries, en proie à la peur, à mi-chemin entre la fille et la biche. Sans être un roman polyphonique, l’habile incursion de personnages secondaires rajoute de charmantes touches au tableau et nous fait adopter le point de vue de ceux qui côtoient Michelle et voient (ou non) son émoi et son tourment.
La fin, apogée crescendo bercé par les eaux vosgiennes, nous prend pas surprise et nous saisit. Le danger qui planait dans la gorge de Michelle se révèle, sa peur apparait vive et entière.
Un roman magistral, qui a du souffle et ne nous lâche pas. Le portrait puissant d’une femme-proie qui n’a pas d’autre choix que fuir ou combattre.
— Julia Marras
Maria Pourchet
Tressaillir
20 aout 2025, Stock