Bérénice Pichat signe avec ce roman un texte à la fois fort et émouvant. La petite bonne, qui s’échine chez les bourgeois, n’a pas de nom et rêve d’une bicyclette pour alléger son lourd panier qu’elle traîne de maison en maison. Celle des Daniel est lugubre et elle redoute le face à face avec Blaise, le maître ancien pianiste, infirme, grand mutilé et gueule cassée de la première guerre mondiale. Alors qu’Alexandrine, sa femme dévouée et pleine de culpabilité, s’absente sur ses conseils pour s’aérer, Blaise et la petite bonne vont devoir cohabiter et faire fi de leurs préjugés et de leurs répugnances.
Au-delà des émotions si bien retranscrites des trois personnages, la construction du texte, alternant vers libres et proses, apporte poésie et rythme à cette histoire d’une profonde humanité. Bien qu’il fasse référence à la Grande Guerre, le roman pose des questions très actuelles et universelles, tant sur la misère des travailleurs de l’ombre, anonymes, que sur la fin de vie, le droit à mourir dignement et l’abnégation des aidants. C’est aussi un roman qui fait entrer la lumière et l’espoir. Une lecture marquante, probablement la plus belle de 2025 ! – Sandra Groschtern
BERENICE PICHAT
LA PETITE BONNE
28 AOÛT 2024, LES AVRILS