Sophie Pointurier — Notre part féroce

“Il y a l’histoire qui nous traverse, celle qu’on vit, qu’on se raconte ou celle qu’on se cache, à soi, aux autres. Tout est vrai, sauf ce qui ne l’est pas.”

Anne est journaliste et l’une de ses fascinations porte sur les loups. Sans vraiment savoir pourquoi, depuis petite, il y a cet animal qui revient constamment, à tel point qu’elle est aujourd’hui une personne dérangeante pour ceux qui n’en veulent plus dans le paysage. Après quelques péripéties, elle se voit proposer la rédaction d’un article sur le phénomène de la Dame Blanche, à destination du grand public pour la période de l’été. Elle accepte et embarque avec elle sa fille Scarlett, sa mère et une amie de cette dernière, Rose. Si dès le départ, on sent que les relations mère-fille sont intenses et souvent houleuses, le périple va obscurcir le tableau.

Il y est question de générations, de transmissions, de silences. Les décalages et l’incompréhension entre Anne et sa mère, qui ont toujours été le moteur de sa fuite, s’intensifient. C’est une épopée féminine où chacune tient son rôle. La Femme sorcière ou mystique, celle qui peuple nos légendes et nos contes, s’éveille et la Dame Blanche n’est plus qu’un prétexte pour se (re)retrouver, de l’adolescence à l’aune de la mort. 

On ne sait plus très bien, dans ce texte, ce qui est vrai ou pas. Si c’est possible ou non. Mais on se surprend à y croire, à entrer dans le jeu, à guetter les signes. On entre dans le récit et toutes ses lectures possibles. L’écriture est efficace, percutante. Les femmes y sont grandioses, aussi bien dans la lumière que dans leurs parts obscures. Et le loup, toujours présent au fil des pages, même quand on le fuit, nous ramène à notre condition humaine, celle qui nous rappelle notre fragile destin qui se termine, quoi qu’il arrive, par la mort.

“C’est tragique de quitter son enfance et ses illusions chaque fois un peu plus, on n’a pas assez d’une vie pour s’en remettre. En vieillissant on tient, parce qu’on a oublié.”

Un texte à lire absolument en cette rentrée 2025.

— Charlotte Rousselle

Sophie Pointurier
Notre part féroce
21 août 2025, Phébus

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