
C’est la rencontre d’un homme et d’une femme. Pianiste concertiste, il sillonne les plus belles salles de concert du monde depuis plus de quarante ans. Il connaît les applaudissements, les fleurs dans la loge, les admirateurs qui l’attendent pour des autographes. Elle est jeune, la trentaine, cultivée, historienne, professeure à la fac. Elle est la fille d’une grande artiste, c’est ainsi qu’ils se rencontrent, parce qu’elle vend le piano de sa mère. L’histoire aurait pu être banale, comme celles que l’on connaît déjà, mille fois racontées, où l’homme mûr hypnotise et séduit une jeune femme, un trophée de plus à présenter à ses amis. Mais le cliché n’existe pas dans ce roman. Elsa Fottorino nous raconte la jeunesse solaire d’une femme assurée, qui porte en elle des failles intimes, amoureuse qui court dans les escaliers. Elle nous raconte les fragilités naissantes d’un homme et d’un artiste, la peur de la main qui commence à se figer sur un clavier, la surprise et l’émerveillement devant l’amante. On croit se reconnaître en l’autre, tant d’évidences : que faisais-tu quand je jouais le 1er concerto de Tchaikovsky au Carnegie Hall à New-York pour la première fois ? Je n’étais pas née. Le style est sobre et pourtant sensible. Elsa Fottorino décrit avec une immense justesse les aléas et les tourments de la vie de musicien ; elle écrit avec sa plume l’énergie magnifique d’une femme, fouille les complexités de la relation amoureuse, évince avec brio les stéréotypes. Mais l’amour peut-il vraiment se jouer des convenances ? Le nouveau roman d’Elsa Fottorino fait sonner la partition amoureuse, de manière inattendue. — Loraine Bazalgette
Elsa Fotorino
Passion Brève
Août 2025, Mercure de France