
Poétesse tuée dans l’œuf ou romancière maudite ? Il y a un petit côté Arthur Rimbaud en robe chez Christine Pawlowska, de son vrai nom Kujawa. Pierre Boisson, journaliste et rédacteur en chef de Society, découvre son existence par hasard, sur la couverture d’un livre publié au Mercure de France en 1974 : Écarlate. De publié à oublié, il n’y a qu’une lettre. Et ce, malgré le succès du roman à sa parution. Par quel coup du sort peut-on être encensée, puis disparaître aussitôt ? Comment une plume aussi douée a-t-elle pu être étouffée ?
Pierre Boisson se lance alors à la poursuite de Christine, avec pour seule source Écarlate, ce court roman incendiaire écrit à l’âge de vingt ans. À mesure qu’il déroule l’écheveau de la vie de Christine, la fiction se mêle au réel : Pierre Boisson dépeint par petites touches le portrait d’une femme attachante, bohème, fascinante et libre. Une vie brève, sans compromis, qui commença à Alès dans une famille modeste et travailleuse, pour se terminer prématurément par une chute suspecte. La mort dans le lit aurait été trop banale. Entre les deux, un roman, des promesses, des manuscrits disparus et des poèmes. Mais également : des amants maudits, avortements clandestins, relations familiales compliquées, deux garçons. Et surtout, le talent. Un talent que l’excellente enquête de Pierre Boisson ressuscite, pour notre plus grand bonheur. Nous ne lirons jamais le second roman de Christine Pawloska, mais au moins le premier est-il désormais sorti de l’injuste oubli. — Marguerite Catala
Pierre Boisson
Flamme, Volcan, Tempête
Août 2025, Éditions du Sous-Sol