
Un livre peut-il tuer ? C’est la question qui agite, dès les premières pages, les protagonistes du quatrième roman d’Hélène Zimmer. À la barre, une professeur de français, Cassandre Mercier, accusée d’avoir poussé au suicide l’une de ses élèves, en lui faisant étudier un livre au titre comminatoire : Le Bilan. Un ouvrage scientifique faisant le décompte des espèces disparues ou en voie de disparition, et avertissant l’humanité de sa fin inexorable.
Au rythme du compte à rebours eschatologique que lance Le Bilan, un récit choral se met en place et s’articule à travers des personnages attachés à « L’Affaire Cassandre Mercier. » Il y a Céline, avocate de l’accusée, en conflit avec sa fille adolescente rebelle ; Thomas, avocat des parties adverses, névrosé en plein divorce ; Bertrand, un scientifique en burnout et auteur du Bilan. Toutes et tous font face à leur propre bilan personnel, amoureux ou générationnel, qu’ils vont devoir adosser à celui d’un monde qui semble en fin de course.
Par la fragmentation de ses personnages profondément humains, par leur grandeur et par toutes les petites lâchetés dont ils font preuve, Hélène Zimmer renoue avec une tradition moraliste du XVIIe siècle : rendre compte des comportements humains et dresser un portrait plus large de nos sociétés, impuissantes face à l’urgence climatique du XXIe siècle.
Si Le Bilan est un livre qui fait le décompte de l’humanité, le roman d’Hélène Zimmer laisse entrevoir un message plus grand : celui de personnages qui, même s’ils ne peuvent rien corriger de l’ordre du monde, sont poussés par la volonté impérieuse de renaître dans un univers en ruines. — Clémence Renard
Hélène Zimmer
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Août 2025, P.O.L